Un étrange rêve, d'étranges visages. Les accoutrements vous laissent penser que l'époque à laquelle vous vous situez ne vous appartient pas, mais qu'elle est bien plus ancienne. Vous entendez parler certaines femmes, certains hommes. Leurs mots, leur vocabulaire ne vous est pas étranger mais ce n'est pas celui que vous utilisez quotidiennement. Le décor est sombre, une immense forêt dans laquelle les personnes vous entourant semblent s'être enfoncées sans même savoir pourquoi. Les interrogations se soulèvent, l'angoisse est palpable et puis soudainement, la pression tombe. Au loin, vous apercevez un homme, son visage est flou mais ses yeux sont d'un jaune doré perçant, si fort que la couleur semble prendre possession soudainement de tout ce qui vous entoure. Vous plissez les yeux, vous tendez l'oreille. Soudain, une voix rauque s'élève, le corps bouge et l'homme approche. Vous sentez à nouveau l'angoisse vous envahir, vous, et les protagonistes de votre rêve. Vous les observez, eux ne vous voient pas. Vous regardez tour à tour la silhouette de cet étrange individu s'approchant du groupe et les autres. Et puis brusquement, un mot vous parvient : élus ! Vous comprenez alors que les personnes vous entourant ne sont pas ici par hasard. L'homme a disparu, il réapparaît peu après au sommet d'un rocher, surplombant l'assemblée. Et de sa voix rauque, il commence son discours… que vous n'écoutez que d'une oreille car déjà, le réveil sonne et vous appel, au loin. De ce discours, vous ne vous souvenez que de quelques brides ; une guerre, une armé, des élus, un leader, Azazel ! A l'annonce de ce dernier nom, le noir complet, vous ne voyez plus rien et brusquement s'ouvrent devant vous deux gigantesques yeux jaunes…

Un sursaut, un cri étouffé, voilà comment vous vous êtes réveillé ce matin-là. Le rêve, encore trop ardent dans votre esprit, vous brûle l'estomac. Fiévreux, vous vous levez, vous vous regardez dans la glace. D'un coup de tête, vous appelez votre patron et lui annoncez votre maladie. Vous n'irez pas travailler aujourd'hui. Vous vous recouchez, mais l'angoisse est toujours là, palpable. Vous ne comprenez pas le sens de ce rêve qui vous hante depuis déjà plusieurs semaines. Vous ne comprenez pas qui est cet homme, qui est Azazel et de quelle guerre il parle, vous ne comprenez pas même pourquoi vous êtes le seul, dans votre entourage à rêver de ça. La journée s'écoule doucement, devant votre télé, vous vous gavez d'aspégiques en espérant que les maux de tête disparaissent. Rien à faire. Devant vous, le dernier clip de Britney Spears passe en boucle, vous ne le regardez même pas, trop occupé à repenser à votre cauchemar. Et soudainement, une présence vous dire de vos pensées. Angoissé, vous tournez le visage à droite, à gauche. Vous vous surprenez tout à coup à vous entendre prononcer faiblement "qui est là?". Vous riez, nerveusement. Vous vous trouvez bien stupides d'imaginer que quelqu'un puisse entrer malgré les 6 verrous de votre porte et puis, un bruit vous tire de vos pensées, à nouveau. Vous éteignez l'écran plat que vous venez d'acheter et vous levez de votre canapé en cuir, toujours en pyjama. Fiévreux, vous avancez dans votre appartement de haut standing en tendant l'oreille. La sensation de ne plus être seul vous obsède, vous sentez quelqu'un, mais vous n'arrivez pas à déterminer qui il est. Et soudainement, elle apparaît devant vous, votre ex petite-copine ! Sans comprendre pourquoi, vous hurlez de peur et vous enfuyez dans la pièce suivante. Ce n'est que votre ex pourtant… oui, mais elle est morte il y a 3 semaines non ? Et brusquement, elle vous apparaît, une nouvelle fois.

Vous avez beau fuir, elle vous suivra… ils vous suivront. Vous n'avez plus le choix. Vous vous êtes réveillés un matin avec en tête cette drôle d'idée qu'une guerre se préparer et que vous en ferez étroitement partie et brusquement, votre vision des choses toute entière change. Vous n'avez plus le choix, les faits sont là. Un matin, vous vous réveillez et tout à coup, vous avez le don de voir des esprits errants, de les aider à traverser la lumière, à passer de l'autre côté. Un matin, votre notion des choses se bouleverse et c'est toute votre vie qui prend un nouveau tournant. Un matin, vous vous réveillez et vous comprenez rapidement que vous êtes l'un d'eux…

vous êtes un élu.

Depuis plusieurs jours déjà, Adriel Sanders n'arrêtait pas de se réveiller en pleine nuit, en sueur… les cauchemars qui le hantaient des derniers temps étaient particulièrement réalistes et violents. Il ne comptait plus les lendemains difficiles et les réveilles comateux. Il ne comprenait pas pourquoi il voyait tous ces monstres et pourquoi il s'en souvenait parfaitement, il en gardait une image précise, trop précise.

Cette nuit-là, il se coucha, anxieux. Il savait que l'attendait péniblement dans son sommeil un nouveau cauchemar qui lui rendrait la nuit agitée et pénible. Pourtant, la fatigue s'empara rapidement de chacun de ses membres, le forçant à se coucher, malgré sa réticence. Fermant les yeux sur la réalité, il sombra dans un sommeil profond, l'emmenant directement dans les décombre d'une ville qu'il ne connaissait pas, dans une époque qui n'était pas la sienne.

Adriel prit le temps de détailler tout ce qui l'entourait. Il remarqua très vite qu'il se trouvait dans la cours intérieur d'un immense manoir, un lieu dont il ne savait rien. Il comprit aux douces effluves de musique qu'une fête se déroulait dans une pièce annexe. Doucement, il avança en direction d'un hall majestueux. L'éclairage était terne, mais sur la piste de danse s'étaient précipités bon nombre de couples. Les jupes larges des femmes volaient au rythme de l'orchestre qui jouait, des rires s'élevaient çà et là, et un buffet était installé dans un coin de la salle. A sa grande surprise, il remarqua une faible lueur, dans un coin de la pièce. Une faible lueur qui lui semblait étrangement familière, étrangement sereine et réconfortante. Longeant les murs, il descendit les longs escaliers sans un bruit, fixant tantôt l'assistance, tantôt la lueur. Il parvint au faible halo de lumière en quelques instants seulement et comprit à l'instant même où il s'engouffra dans la pièce d'où provenait cette clarté que le cauchemar venait de commencer…

Le sang éparpillé sur les murs le fit rapidement comprendre que sa vie était à présent en danger. Etouffant un cri d'effroi, il se retourna brusquement pour faire volte-face à une cage, une prison, à l'intérieur de laquelle se trouvait un petit groupe de personne… Des personnes qui lui semblaient étrangement familières. Il s'approcha du grillage et les observait, des marques de blessures se dessinaient sur leurs membres découverts, des traces de griffures, de morsures, recouvraient leur coup… Il plissa les yeux, ils vivaient encore. A peine eut-il alors commencé à chercher la clé qui lui permettrait d'ouvrir cette porte qu'une silhouette dans son dos le frappa violemment. Perdant connaissance, il ne vit du visage de son agresseur que la lueur jaunâtre de ses yeux et les canines ruisselantes d'un liquide rouge qui ressemblait à s'y méprendre, à du sang… Avant de sombrer dans l'inconscient, il entendu le bruit d'une porte en métal que l'on ouvre et que l'on referme, il sentit le choc du sol sur lequel on le jetait et une étrange phrase que lui lança son agresseur avant de quitter la pièce.

« Les élus seront sacrifiés au nom d'Azazel. »