Cela faisait quelques minutes au moins que je fixais d'un œil stupéfait les barreaux qui se trouvaient en face de moi. Je ne savais comment j'avais atterri ici. Je m'étais probablement endormie mais quelque chose me disait que je n'étais pas en train de rêver. Enfin si, j'étais bel et bien en train de rêver mais je savais que j'étais réellement présente dans ce rêve. En chair et en os. Décidément, j'étais prédestinée à être le centre de toutes sortes d'évènements étranges. D'abord, voir des fantômes, et maintenant ça. Même si j'étais incapable de me souvenir par quel moyen j'avais atterri ici, j'étais persuadée que j'allais trouver comment sortir de cet endroit. J'étais le genre de fille que rien n'arrête et qui trouve toujours le moyen de se sortir de n'importe quelle situation. Regardant autour de moi, je n’aperçus qu'un frigo, une table entourée de quelques chaises, des matelas posés à même le sol, et, tout au fond de la pièce, ce qui semblait être une douche et des toilettes. Pas trace d'une quelconque issue. Cela n'était pas bon signe. Apparemment, je n'avais pas atterri là par hasard. Tout semblait avoir été préparé en prévision de ma venue et cela n'avait rien de rassurant. Cependant, mon côté réaliste reprit très vite le dessus. Oubliant la première idée que je m'étais faite sur ma venue, je pensai désormais que j'avais dû être amené ici par un psychopathe dont le seul but était de me tuer. Cela était plus plausible que ma soit-disant apparition dans un rêve. Ainsi, j'étais prise au piège, enfermée dans une pièce qui ressemblant fort à une cave et personne à l'horizon pour me tirer de là. Une fois de plus, je n'allais pouvoir compter uniquement sur moi-même. La première chose à faire était de localiser l'endroit où je me trouvais. Ensuite, il faudrait que je vérifie scrupuleusement si aucune sortie n'existait, par laquelle j'aurais pu me glisser et quitter cet endroit qui allait peut-être devenir mon tombeau. Agir méthodiquement était certainement l'une des meilleures choses à faire dans ce genre de situation. Ne pas céder à la panique, garder la tête froide et ne faire confiance à personne. Résignée, je me dirigeai vers les barreaux situés en face de moi et les examinai attentivement. Mes craintes furent confirmées : jamais je ne pourrais les briser ou tenter de m'échapper de ce côté ci. Je levai les yeux au plafond. Je me trouvais dans une cave, probablement d'une vielle maison et les murs autour de moi, ainsi que le plafond étaient en pierre et aucune brèche n'était visible. Précautionneusement, je me rendis vers le fond de la pièce. Il était vitale de ne faire aucun bruit car j'étais certaine que quelque part, quelqu'un risquerait de m'entendre et cela n'allait pas être très favorable à ma survie. Je me mis à examiner attentivement chaque recoin, chaque renfoncement, dans le but de trouver un moyen de me sortir de ce pétrin.

Cela faisait un petit bout de temps que je faisais encore et encore le tour de la pièce, cherchant en vain une issue et je commençais à me lasser. Certes, je ne suis pas du genre défaitiste mais je sais reconnaître quand une cause est perdue. Et contre toute attente, il était impossible de sortir de cette pièce. J’étais en train de tester la solidité du mur à un des endroits où on pouvait le voir abîmer lorsqu’une voix proche de moi me fit sursauter.

- Nous sommes enfermées.

Je me retournai brusquement pour découvrir une femme d’à peu près mon âge, appuyée sur l’unique table présente. Je la regardai en levant un sourcil. Qu’est ce qu’elle faisait là ? Je croyais être la seule dans cette galère et en plus, je ne l’avais même pas entendu arriver, trop occupée par ma vaine inspection. Si elle avait voulu me tuer, elle aurait eu tout son temps. Dorénavant, il fallait que je sois d’avantage sur mes gardes. Après tout, Dieu seul savait ce qui pouvait me tomber dessus. J’allais parler lorsque l’inconnue me devança et s’exclama :

- BORDEL ! Nous sommes enfermées !

Mais elle était cinglée à crier comme ça ! Ne se rendait-elle pas compte de la situation dans laquelle nous étions ? Crier et céder à la panique n’était certainement pas le meilleur moyen pour sortir vivant de cette prison souterraine. J’avais visiblement hérité d’une compagne hystérique et qui avait l’air plus que paniquée. Cela promettait pour la suite des évènements. Ainsi, je me précipitai vers elle et murmura :

- Taisez-vous ! Arrêtez de crier bon sang ! Vous voulez vraiment que quelqu’un vienne s’occuper de notre sort ?!

La politesse et le tact n’avaient jamais été mon fort, je l’avoue. De plus, la situation faisait que je n’étais pas au meilleur de ma forme et je n’avais aucun envie de m’éterniser dans ce cachot plus longtemps. Je scrutai l’inconnue en face de moi. Je n’avais aucunement l’intention de lui faire confiance mais je savais qu’à deux, on aurait plus facile à trouver une solution. Cependant, qu’elle ne compte pas sur moi pour l’aider une fois sorties de là. Je n’allais pas la materner et si une occasion de s’échapper pointait le bout de son nez, je n’hésiterais pas, quitte à la laisser ici. Après tout, je préférais de loin sauver ma peau plutôt que celle d’une inconnue. La jeune femme n’ayant pas l’air de présenter un quelconque danger, je lui dit en parlant assez bas :

- Écoutez, je m’appelle Sarah-Lynn. Je suis arrivée ici je ne sais comment, je crois que je dormais avant d’atterrir ici. Bref, je ne sais pas où l’on se trouve ni qui nous a emmené ici mais j’ai bien l’intention de me tirer de cette foutue prison. Alors, calmez vous, respirez et ensuite, nous pourrons décider de la marche à suivre.

J’avais parlé d’un ton calme et autoritaire car je ne voulais pas effrayer la jeune femme mais je ne voulais pas non plus qu’elle s’imagine que tout allait très bien se passer. J’étais persuadée qu’on allait en baver mais je gardai cette idée pour moi. Inutile d’inquiéter l’inconnue qui semblait avoir moins de recul que moi vis à vis de la situation. J’attendais sa réponse et je savais que, vue de l’extérieur, je paraissais extrêmement sûre de moi.