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OH UN BEAU MEC!
POUR UNE FOIS QU'IL EST PAS CHAUVE!

La samedi. La journée que je détestai le plus dans la semaine. Pourquoi me direz-vous ? Peut-être parce que je travaillais toute la soirée, parce qu’il y avait toujours une flopée de monde et que je détestai ça. Déjà que la veille, j’avais bossé comme une malade et pour le minimum syndicale de pourboires. Les gens devenaient radins de nos jours. Trois mois dans cette ville minuscule et je semblais déjà connaitre tout le monde alors pour eux, j’étais toujours invisible. Mince, ce n’est pas grave. Je me plaisais dans mon invisibilité. J’en avais l’habitude depuis que je m’étais enfuie de Grèce. Déjà que je ne comprenais pas la langue alors si en plus, je devais parler à des gens, cela serait pire. J’avais un accent à couper au couteau et les seuls mots que je connaissais en anglais étaient « Que puis-je vous servir ? ». Forcément, je les servais en baratin à tous les clients depuis trois mois. Je m’étais présentée à une petite annonce et j’avais eu le job. Depuis, c’était toujours la même chose. Je passais mon temps dans ce trou à servir des ados pré pubères qui voulaient se bourrer la gueule parce que c’est trop in.

« Bip, bip,bip. » Mon réveil. J’avais décidé après mon jogging d’essayer de dormir un peu. Depuis mes cinq ans, je ne dormais plus, je ne voyais que des visages de gens qui se succédaient dans ma tête. J’étais devenue insomniaque. Alors que fait-on quand on ne dort pas ? On regarde la télévision, on écoute de la musique, on apprend de nouveaux arts martiaux, on lit de nouveaux ouvrages. Quelle vie passionnante! Quel ennui! Encore pleines de douleurs suite à mon jogging, je suis sortie péniblement de mon lit avant de me trainailler jusqu’à la douche comme un gros déchet. Quand je vis mon reflet dans la glace, j’écarquillai de surprise. OMD! Je ne ressemblai vraiment à rien. Mes cheveux blonds étaient en bataille et j’avais le teint cireux. Moi qui n’avais plus beaucoup de temps pour me préparer, je devais faire vite.

C’est donc paniquer que je me dirigeai sous la douche chaude afin de laisser mes muscles se décontracter. Des flashs de mon enfance me revenaient en mémoire, des anecdotes sur ma nature. Ma mère avait été l’oracle de Delphes, la Pythie comme on l’appelle communément là-haut et j’étais une Sybille parmi tant d’autres. Je soupirai laissant l’eau couler un moment. Puis, une fois lavée, je sortis en trainant la savate. Mes cheveux humides avaient repris leur aspect naturel. Je les séchai en vitesse avant de les laisser libre ce soir. J’avais la flemme de les attacher. Puis, je me penchai un instant admirant mon visage. J’appliquai un léger anticernes, un coup de crayon khôl puis mon fard à paupières gris avant de sortir de la pièce.

Le chaos régnait dans mon appartement comme ci un ouragan était passé par là. L’ouragan se nommait Hélène. Je n’aimais pas l’ordre et je n’avais jamais aimé ça mais des clichés se tenaient partout dans la pièce comme des livres jaunies, des feuilles de papiers et mes cours. Ignorant le bordel, je me dirigeai vers mon armoire avant d’en sortir une petite robe noire tout à fait saillante, mes ballerines et enfilai le tout pour me voir habiller en femme. Le noir ne m’allait pas du tout alors j’optai pour la bleu un peu plus courte mais plus jolie. Ensuite, e mis les collants couleur chair et les escarpins de la même couleur que la robe. L’avantage d’être pauvre, c’est qu’on fait nos vêtements nous même et que du coup, on arrive tout à fait à se démarquer. Une fois prête, je partis en prenant soin de fermer la porte.

Personne dans la rue, je montai dans ma bagnole déglinguée avant de peiner à la démarrer. Peut-être serais-je à l’heure ce soir ? Ou peut-être pas ? Je passais la main dans mes cheveux en écrasant la pédale d’accélérateur. Un sourire illumina mon visage quand j’arrivai devant le Grill. Il n’y avait pas trop de monde, encore heureux. Un air d’Aerosmith résonnait dans le bar et je descendis, laissant mon manteau dans la voiture. Quelques mecs s’agglutinaient devant. Et je restai un moment sur le côté à fumer une cigarette - fâcheuse manie due à mon surplus de fréquentation de vampires - puis je m’attardai un moment sur un grand brun assez séduisant qui venait d’arriver. Je ne le connaissais pas.

Haussant les épaules, avalant un chewing-gum, j’entrai pour prendre mon service. Tout le monde jouait au billard et je passai à coté d’une table un peu bruyante. Un des mecs me mit une claque aux fesses et j’eus ma première vision de la soirée. Dommage pour lui mais sa femme était en train de le tromper. J’aurais plutôt dit le contraire! Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Je me mis derrière le comptoir et commençai à prendre mon plateau, affichai un sourire entendu à mon patron estomaqué par ma tenue. J’ai le droit d’être féminine non ? J’arquai le sourcil avant de me barrer avec le plateau. Aucun signe du beau mec brun. Tant pis!

J’allai de table en table, servais beaucoup de bières quand on m’envoya à sa table. Il venait de s’assoir et je me mis à rougir comme une grosse conne. Allez Hélène! Ce n’est qu’un client parmi tant d’autres! Je plaçai le plateau sous mon bras, sortie mon calepin et allai le regarder d’un œil avisé avant de me poster juste devant lui. Le rouge me monta de nouveau aux joues et je ne savais pas trop quoi dire.

- Bonjur, je souis Hélène, dis-je avec mon accent à couper au couteau, jé seré votre aute pour la soirée. Qué désirez-vous ?

Je lui lançai un grand sourire avisé avant de faire cliqueter mon stylo, signe que j’étais prête. Pour une fois qu’il n’était pas adolescent, moche et chauve, je pouvais bien être sympa avec lui. Enfin, j’essaierai bien entendu - en espérant que cela ne soit pas un vampire.

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PUTAIN DE VISIONS!
JE VIENS DE VOIR MON FUTUR MEC!

Je notai sa commande en vitesse et d'une écriture incompréhensible avant de retourner au comptoir pour voir qu'une de mes collègues était au téléphone avec un de ses nombreux petits copains. Je le regardai d'un œil mal avisé quand soudain, elle me lança un regard noir puis retourna à ses petites affaires. Après tout, je n'étais pas apte à la juger. Moi qui n'étais sortie qu'avec un vampire, avais été élevé par un vampire et fuyais maintenant tous les vampires qui croisaient sa route. Soupirant un bon coup – et au moins la centième fois de la soirée – je pris la commande du beau jeune homme avant de la lui porter dans un sourire sincère. Il avait l'air aussi paumé que moi.

- Faites-moi signe si vous voulé autre chause, ajoutai-je avant de tourner les talons.

Tout le monde riait, s'amusait, sauf nous deux. Il était d'un sérieux que je ne comprenais pas trop pourquoi. Puis, un connard de première s'avança près de moi pour me voler mon torchon en hurlant « J'ai volé le torchon de la sorcière! ». Je levai les yeux au ciel avant de tendre péniblement la main vers lui mais il se mit à courir dans tous les sens, sale mioche. Exaspérée, j'en sortis un autre pendant que ses potes et lui se foutaient glorieusement de ma gueule. Voilà pourquoi je détestai ses mouflets complètement débiles.

Je me souvenais de mon enfance, du fait que j'avais été respectée en Grèce. Serait-ce du au fait que j'avais été élevée par un vampire ? Je n'en avais aucune idée. Mais ayant fuie mon pays d'origine, je me retrouvai complètement déracinée avec des gens que je n'aimais pas, à voir des choses que je ne voulais pas voir et à faire un métier que je ne voulais pas faire. La soirée allait être très longue. Alors, je me munis d'un de mes plus beaux sourires et je commençai à servir les autres tout en gardant un oeil sur le nouveau venu. Je voulais lui demander ce qu'il faisait là mais c'est ce que l'ancienne Hélène aurait fait et pas la nouvelle. La musique changea et lança une de ses musiques cul-culs alors, je décidai de sortir, prendre une petite pause et fumer ma cigarette. J'étais vraiment accro à cette merde!

Une fois dehors, une brise légère vint ébouriffer mes cheveux et je m'adossai de nouveau contre le mur comme tout à l'heure quand soudain, un homme vint se planter devant moi. Je levai les yeux d'un air désintéressé alors que ce dernier me lança un sourire charmeur. Je le détaillai de la tête aux pieds. Une veste en cuir, une chemise impeccablement repassée et enfin un pantalon serrant. Soit il était gay, soit c'était un vampire ou soit c'était un gros naze qui pensait que les filles lui tomberaient dans les bras. Ou pas. Je jetai ma clope, mettant un vent monumental au type. Puis rentrais après deux ou trois minutes de pause.

La chaleur qui régnait dans le bar m'étouffa et une rixe avait commencé à éclater. Encore. Les bagarres étaient fréquentes, surtout le samedi soir. Je levai les yeux au ciel et essayai de me frayer un chemin à travers la masse de gens. Quand soudain, tout se passa vite et je fus projetée au loin à cause d'un type qui se battait avec un autre. J'eus horriblement mal à la tête puis rouvris les yeux pour voir où j'avais atterris. Et bon dieu! Sur les genoux du beau type en train de manger son plat du jour. Je le dévisageai, alerte, rouge de confusion.

- Excuisez-moi, tentais-je de dire avec une voix toute tremblante de frustration.

Sauf qu'en me relevant, j'avais posé ma main sur son épaule et le contact eut comme l'effet d'une décharge électrique. Je retombai sec sous l'effet de la vision. Dans mes visions, je n'étais que spectatrice alors, j'étais témoin des scènes sans pouvoir interférer. Alors, je vis un homme serrer une femme très fort dans ses bras, un petit garçon qui restait tétanisé, qui tremblait et là, en voyant la tâche de sang, je compris. La femme était la mère du petit garçon, et l'homme était en train de le tuer. Le garçon s'avança et la mère laissa retomber le bras.

Je n'eus aucun mal à faire le lien entre le jeune homme sur lequel j'avais atterri et le petit garçon dans la vision. Il avait perdu sa mère. Tué par un vampire. De quoi vous terrorisez à vie. Moi non plus, je n'avais pas connu la chaleur maternelle, je savais ce que c'était. Puis la vision changea. Elle était surement finie. Du moins, c'est ce que je croyais mais non, le décor changea. J'étais maintenant dans une chambre, allongée sur un lit. Dans le futur. Mon futur. Quand je voyais des visions me concernant, j'étais toujours actrice. Là, je sentis presque les caresses d'un homme sur mon propre corps, les baisers et je vis la lumière tamisée. Ah d'accord! En gros, je m'envoyai en l'air avec un parfait inconnu. Sauf que quand l'homme caressa mon visage et posa ses lèvres sur les miennes, je vis que... c'était l'homme du bar.

Alerte, je rouvris les yeux et me levai d'un bond. Je faillis tomber à nouveau puis me tournai vers lui. Ses yeux marrons, ses cheveux ondulés bruns et son look de motard. Il était vraiment beau. Mais comment ? Pourquoi ? Qui était-il pour moi ? Je devais surement passer pour une folle. Les larmes me montèrent aux yeux quand je repensais à la scène du vampire et je me tournai vers le bar. Ma remplaçante était arrivée, j'avais fini mon service. Je passais une main gênée dans mes cheveux. Puis, plantais mes yeux dans les siens.

- Je souis dézolée pur votre mère. J'éspaire qué vous truveré celoui qui a fait ça, articulai-je péniblement.

Je ne maitrisais vraiment pas l'anglais, je n'y arrivai pas. Je partis dans la remise, pris mon manteau, dis « au revoir » à tout le monde et courus vers la sortie. Je ne me sentais vraiment pas bien alors, je m'assis sur le capot de la voiture et je tremblais encore sous le choc de la vision. Mon futur copain. Des fois, je détestai ce don, je n'en voulais plus. Alors, je me mis à jurer en grec, à dire aux dieux de reprendre leurs putains de dons! Cela gâchait tout l'aspect de drague! Là, je venais de croiser mon futur mec quoi! Super!

Je repris une autre clope mais elle tomba par terre sous le choc alors je glissai doucement de la voiture, la ramassai avant de heurter quelqu'un en me relevant. En voyant qui c'était, je déglutis péniblement. J'étais vraiment dans la merde!

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J'AIME PAS QU'ON ME DONNE DES ORDRES!
CRÉTIN!

Le mec se rapprocha un peu plus de moi et je sentis le rayon de la lune sur mon visage. Il n'avait pas l'air menaçant mais l'effet de la vision dissipait toutes mes facultés à lui mettre mon poing dans la figure. Du coup, je restai impassible sur le capot de la voiture. Puis, c'est là, que mon jeune et beau jeune homme « vola » à mon secours. Si secours, il y avait besoin. Je me contentai juste d'arquer le sourcil en le voyant sortir le couteau et me le plaquer sous le gorge. Quand il m'allongea sur le capot, je ressentis toute une flopée de sentiments contradictoires. Je ressentais du désir, de l'attirance pour cet homme inconnu. Et dire que je ne connaissais même pas son nom.

Puis, une autre vision – mon avenir devait être vraiment houleux avec cet homme – vint perturber notre petit échange. Elle fut brève. Mais je perçus juste un soupir. Enfin, je connaissais son nom. Samuel. Haha! Trop drôle! Samuel! Enfin, c'est un joli prénom, j'aime beaucoup. Je sentis une vague de désir monter en moi. Je m'imaginai poser mes lèvres sur les siennes, passer ma langue sur son torse apparemment musclé, caresser ses cheveux soit disant soyeux mais je devais me ressaissir. Quand il chuchota quelque chose à mon oreille, je frémis. Samuel dut prendre ça pour de la peur car aussitôt, il me releva. Puis me fouilla. Tout mon corps réagissait aux moindres attouchements. Je désirai qu'il me caresse encore, qu'il embrasse mon cou, passe ses doigts dans mes cheveux mais non! Il n'en sortit que mes clés. Je laissais échapper un petit grognement de frustration avant de me laisser embarquer de manière bestiale dans la Ugo!

« Démarre! » Ce simple mot eut l'effet d'un électrochoc sur moi. Je me revoyais des années en arrière quand Délios me donnait des ordres. Aussitôt, la vision du couteau me semblait plus réelle, plus menaçante. Je plongeai mes yeux dans ceux – presque noirs – de Samuel – et je rangeai les clés dans ma poche avant de poser les mains sur mes genoux. Mon intention de démarrer cette voiture était inexistante. Plus jamais un homme ne me donnerait d'ordres et Samuel n'allait pas commencer alors que nous n'étions même pas ensembles. Je posai ensuite les mains sur mon volant et inspirai un bon coup.

- μάλλον

J'avais dit ça avec un simple signe de dénégation de la tête qui signifiait que je ne démarrerai pas la voiture. Puis, je tournai mon buste vers lui. Mon visage restait impassible. Enfin avec une rapidité affolante – surement due au fait que j'ai été entrainé par un vampire de plusieurs siècles – je lui mis un coup de poing – me faisant mal par la même occasion – et de mon autre main chopa le couteau. Ensuite, j'ouvris lui mis sous le nez avant d'ouvrir la portière et expédier dehors à coups de pieds dans le thorax. Je ne sus pas trop sa réaction mais je m'extirpai hors de la voiture en vitesse, posa mon talon sur une de ses mains libres avant de jeter le couteau au loi.

Puis dans un élan de stupidité, je m'assis sur lui – comme ci c'était un siège – et posai ma main sur sa gorge. Je ne serrai pas trop fort mais je voulais lui faire comprendre qui était le maitre ici. J'en avais maté des plus vieux que lui alors le faire avec Samuel serait un jeu d'enfants. Ensuite, je baissai la tête pour rapprocher mon visage du sien. Ils n'étaient plus qu'à un ou deux millimètres l'un de l'autre et nos lèvres se frôlèrent même.

- Samouel, quel jolie prénom, chuchotai-je comme pour moi-même, mé pur unom stoupide.

Je relevai la tête pour regarder aux alentours, que personne ne pouvait nous voir. Mais il n'y avait personne à l'horizon, j'étais donc tranquille. Je caressai doucement son visage en signe de compassion avant de lui mettre une gifle.

- Crétine! Jé souis une voyante. Jé vus ta mère sé faire touer par un vampire comme jé connais ton prénom.

Tout comme je ne ai vu couché ensembles manquai-je d'ajouter mais je me retins. Gênée, je me pinçai la lèvre puis, je me penchai pour déposer un doux baiser sur sa joue.

- Jé ne té veux aucune mal Samouel. Jé m'appelle Hélène.

J'entendis soudain la porte s'ouvrir alors dans un autre geste irréfléchi, je collai ma bouche contre la sienne maintenant ma main sur sa gorge l'air de dire « tu fais quoi que ce soit, je t'explose la tronche! » Ce baiser était agréable. Dommage que ce soit dans de pareilles circonstances. Enfin, je relevai la tête pour dégager ma main de son cou. Je le laissai ballant. A vrai dire, je ne savais plus quoi faire espérant que mon « compagnon » ait une idée – autre que me tuer – car j'étais complètement tétanisée.