Certains jours étaient bons, d’autres étaient mauvais. Je ne savais pas vraiment quoi dire de cette journée. Alors que je servais un homme à une table, je me demandai vraiment ce qui aurait pu être mieux. Je me sentais seule, incroyablement seule. C’était un vide immense que m’avait laissé Nathaniel en partant. D’accord, c’était de ma faute. C’était moi qui avais rompu...mais quand même. Et puis je n’étais pas censée vouloir le revoir, alors je faisais comme si tout allait bien...alors qu’au fond, ça n’allait pas. Mon boulot au bar-restaurant m’occupait l’esprit au maximum. Je répétais chaque soir les mêmes gestes, les mêmes paroles, comme si je n’étais qu’un disque rayé. Et je souriais aussi, tout le temps. Il paraissait que quand une femme souriait, c’est qu’elle était heureuse. Alors encore une fois...je faisais comme ci. Parfois, j’avais envie de prendre mon appareil photo et de recommencer à en prendre beaucoup. Mais l’inspiration ne venait pas. Ca avait été pas mal agité ce soir, un chanteur était venu nous faire son show et finalement, il y avait moins de boulot pour les serveurs. Les clients étant trop occupés à écouter le tube du moment. Ca me faisait plaisir de pouvoir me reposer un peu. Souvent, je m’asseyais à une table en me demandant ce que j’allais bien pouvoir faire en rentrant chez moi. Je finissais souvent mon service à minuit, et ensuite, quand Nathaniel était encore avec moi, nous rentrions à deux et nous nous faisions une petite soirée en amoureux. Maintenant...je rentrai et je regardai la télé, ou alors j’allais directement dormir. Parfois, j’invitai un joli garçon que j’aurais rencontré au bar ou je téléphonais à une copine pour qu’elle vienne me tenir compagnie. Bref, malgré ma rupture récente, je continuai à vivre. Je n’avais pas envie que qui que ce soit m’empêche d’être heureuse. Finalement, il était minuit et demi quand je me décidai de quitter le bar. Bien souvent, je prenais une vodka avant de repartir, et c’est ce que je fis encore une fois aujourd’hui. Et puis je fermai moi même le bar, comme si il m’appartenait...alors que ce n’était pas le cas. Je prenais mon temps. De toute façon, personne ne m’attendait, chez moi.

Enfin, c’est ce que je croyais. Sur le chemin du retour, je commençai à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire. Il n’y avait rien à la télé, j’avais regardé le programme tout à l’heure. Je n’avais pas faim, le chef m’avait laissé goûté ou plutôt finir le plat du jour. Mes talons claquaient sur le sol alors que je m’engageais dans ma rue. Les maisons étaient toutes plus belles les unes que les autres, j’adorais m’imaginait dans l’une d’entre elle. Moi j’habitais dans un appartement, assez spacieux mais mois confortable qu’une maison plein pied. Je ne pressais pas le pas même si je savais qu’il ne m’en restait plus que quelques uns pour franchir le seuil de mon immeuble. Avant d’y arriver, je levai la tête, vérifiant par la même occasion qu’aucune personne louche ne traînait dans les parages. Sauf que...Il était là. Je ne savais même pas son prénom. Je ne savais même pas qui il était. Mais il attendait devant ma porte, comme si il m’attendait. Je l’avais déjà rencontré il y a quelques jours et je l’avais assez sèchement remballé et renvoyé. J’avais peut être était un peu dure avec lui, mais son caractère ne m’avait pas plu...du tout. Peut être que j’avais blessé son égo-masculin, sans doute d’ailleurs ; les hommes n’aimaient pas se prendre des vestes. Mais moi j’aimais leur en donner, donc... J’hésitais à avancer, d’où j’étais, il ne me voyait sans doute pas. J’aurais donc pu faire demi tour sans problème pour l’éviter. Mais pour aller où ? Je voulais rentrer chez moi, moi. Et ce n’était pas ce charmant jeune homme qui allait m’en empêcher. Enfin charmant...physiquement. Mais si on parlait de son caractère, ce n’était sans doute pas le cas. Je repris mon pas assez lent, faisant claquer mes escarpins noirs sur le sol. « Tu attends quelqu’un ? » J’avais posé cette question avec ma voix les plus innocentes. Mais j’avais comme l’impression que le quelqu’un en question était moi. Et je n’aimais pas vraiment ça. Je ne lui avais pourtant laissé aucun espoir la semaine dernière ? Quoi que...Je ne me souvenais plus mes paroles exactes. J’avais dû lui fermer la porte au nez en lui disant « bonne nuit ». Sauf que là, c’était lui qui était à la porte et qui en d’autres termes, me bloquait le passage. Plutôt bien joué si il ne voulait pas que je rentre chez moi. « Je peux passer ? » D’accord, je faisais comme ci je ne l’avais jamais vu et que je ne le connaissais absolument pas, il allait sans doute mal le prendre. C’était comme si je venais de lui dire que je ne me souvenais pas de lui alors que je savais très bien quand je l’avais rencontré. Son regard ne me donnait pas vraiment de bonnes ondes. Mais qu’est-ce qu’il me voulait au final ? Je remis mes cheveux en place, derrière mon oreille, en observant le jeune homme.

Je n’avais pas penser tomber sur qui que ce soit en revenant ici. Pour moi, j’allais renter chez moi, refermer la porte et courir dans ma chambre soit pour lire, regarder la télé ou même m’endormir. Après tout, ma journée avait été loin d’être bonne et je n’avais pas vraiment envie de m’amuser ce soir. Peut être qu’un autre jour, j’aurais invité quelqu’un à dormir à l’appartement, mais ce soir, non. Je n’en avais pas cette envie. Au fond, cela faisait déjà plusieurs jours que je n’en avais pas envie. C’était idiot, mais depuis ma rupture avec Nathaniel je me sentais aussi vide que seule. C’était de ma faute, d’accord, mais ce n’était pas une raison. Enfin, pas vraiment en tout cas. Et je n’aurais pas pensé une seconde trouvait ce jeune homme devant chez moi. Il était pas mal, d’accord, et peut être que dans d’autres circonstances, il serait rentré chez moi. Mais encore une fois, ce n’était sincèrement pas le moment. Ma meilleure amie m’aurait sans doute dit d’en profiter ; un beau mec qui se pointe devant chez toi qui t’attend, c’est plutôt pas mal, nan ? Non. « Bien-sûr que j'attends quelqu'un... J'attends la plus ravissante habitante de cet immeuble... » Je ris légèrement, les hommes sortaient souvent des phrases qu’il ne pensaient absolument pas. Ce qui était sans doute le cas du jeune homme devant moi. Enfin, en même temps, j’étais sans aucun doute la plus jolie fille de cet immeuble. Je n’avais jamais vu personne d’autre que des vieilles personnes ou des blondes écervelées. M’enfin ça, il ne pouvait pas le savoir. Sauf si il passait son temps à m’observait. Ce qui ne m’aurait pas énormément étonné. Après tout, il était là, aujourd’hui, devant moi. Alors que je ne l’avais vu plus d’une fois. « Ah oui ? Et qu’est ce que tu lui veux ? » Il me disait « vous » et moi je lui disais « tu ». Après tout, je ne voyais pas pourquoi je devrai le respecter ou avoir peur de lui alors qu’il était là, devant moi, m’empêchant de passer pour rentrer chez moi. J’aurais voulu le pousser pour qu’il me laisse passer, mais quelque chose me disait que j’étais beaucoup moins forte que lui. J’observai ses traits, son visage. Il était sans doute trop parfait pour être adorable. C’était souvent ça ; les hommes beaux cachaient de lourds secrets. Ou étaient arrogants et sûr d’eux. Ce qui était apriori le cas du jeune homme qui se trouvait toujours devant moi. « Désolé ravissante demoiselle, mais si vous voulez passer, il va me falloir votre prénom... Ne serait-ce que pour remercier ma ténacité... » Sa réponse m’amusa plus qu’autre chose, j’aurais aimé qu’il ne soit pas si tenace, justement. Je n’aurais jamais cru qu’il reviendrait après le vent que je lui avais foutu il y a quelques jours. Souvent, les hommes se prenant des râteaux ne retournaient plus revoir la fille en question. Peur de se reprendre un vent, sans doute. Et donc de revoir son égo-masculin baissait. Oui, c’était sans doute ce que les hommes appréciaient le moins en réalité. J’avais envie de lui répondre avec une réplique bien sanglante, peut être pour qu’il me laisse tranquille, mais je n’y arrivais pas. Et c’était assez étrange. « Justement...Pourquoi est-ce que tu es si...tenace ? J’aurais pensé avoir était clair, la semaine dernière. » Je replaçais mon sac sur mon épaule, remettant par la même occasion une mèche rebelle derrière mon oreille. La question que je mourais d’envie de lui poser venait de sortir. Après tout, je ne comprenais pas vraiment pourquoi il était là. J’étais plutôt jolie, d’accord, mais je doutais que les hommes, qu’ils qu’ils soient reviennent après un si gros vent une semaine auparavant. Je ne savais pas encore ce qu’il allait me répondre, mais je doutais sincèrement qu’il trouve quelque chose qui me touche, ou me plaise. Après tout, il me bloquait toujours le passage, ce qui, ce ne plaisait pas du tout. « Dites moi ce doux prénoms que vous devez magnifiquement porté... Et peut être que je vous laisserait parlez. » J’avais tout d’un coup un peu froid. Je n’avais pas encore remarqué jusque maintenant mais la nuit était à son comble, tout comme l’hiver. Et la fraîcheur de la nuit était au rendez vous. Je frissonnai légèrement, observant le jeune homme. Nathaniel m’aurait réchauffé, j’en étais certaine. Sauf que je devais arrêter de penser à lui. Et tout de suite. Après tout, lui dire mon prénom ne changerait rien, si ? Et puis si ça pouvait me permettre de passer... « Loùhan. Je peux passer, maintenant ? » Je frissonnais de plus bel avec le coup de vent qui venait de bousculer mes boucles brunes. Je ne lui avais même pas demandé son nom. Après tout, je voulais simplement rentrer.

« Je ne veux qu'apparaître aux yeux de la sublime demoiselle en question... Qu'elle puisse me regarder tel l'humble homme que je suis... Et non comme le gêneur qu'elle pense que je suis... Même si j'avoue que les circonstance ne plaide pas en ma faveur... » Il était vrai que les circonstances ne jouaient vraiment pas en sa faveur. Mais il le cherchait, non ? M’empêcher de rentrer chez moi, ce n’était pas un peu gros comme plan drague ? Je ne pouvais pas dire que j’étais énervée. Après tout, le jeune homme en face de moi était plutôt mignon, et c’était toujours agréable de recevoir des compliments mais…il m’agaçait déjà beaucoup. Sous ces airs d’homme parfait sans accroches devaient forcément se cacher un vrai démon… non ? C’est toujours ce que je m’étais dit, en tout cas. Personne n’est parfait, et encore moins les hommes, selon moi, en tout cas. Je ne connaissais pas non plus de femmes parfaites, mais je savais réellement que certaines s’approchaient de cette perfection qu’on recherchait sans doute tous, même inconsciemment. Je savais personnellement que je n’arriverai jamais à ce stade de ma vie, j’avais sans doute un trop mauvais caractère. Sans doute. « C’est sûr que m’empêcher de rentrer chez moi ne fera pas avancez les choses, entre nous. » Un sourire se dessina sur mes lèvres pendant que je passai une main dans mes cheveux. Allait-il me laissait entrer ? Ca serait plutôt pas mal, quand même…C’était une des premières fois que je rêvais tant d’aller dormir…étrange. J’aurais peut être pu m’inventer une raison, mais c’était sans doute juste à cause de ce sentiment étrange que j’avais dès que je voyais ce jeune homme. Je ne me sentais pas vraiment en sécurité, avec lui. Et même si mon instinct me jouait sans doute des tours, je préférais être prudente. « Disons que si je suis si tenace c'est parce que je ne peux résister aux jolie demoiselle avec un aussi mauvais caractère... » Je fronçai légèrement les sourcils, me retenant de pouffer. C’était sans doute la première fois qu’on homme me faisait un compliment ainsi qu’un défaut dans une seule phrase. Il me connaissait à peine et il avait déjà vu franc dans mon caractère et ma personnalité. En même temps, je ne me l’étais sans doute pas du tout caché pendant nos courtes. « Moi, mauvais caractère ? » Je ris légèrement. Il y avait pire, bien pire. Mais je savais très bien qu’il avait raison. On disait même parfois que j’étais une petite peste. Mais apriori, ça plaisait à certains. Je n’avais jamais eu de problèmes pour me trouver quelqu’un. C’était sans doute ce que les autres filles pouvaient le plus me reprocher ; je leur volais leurs mecs, sans même le vouloir. Ce qui était même parfois gênant. Enfin bon, heureusement, tous les hommes de cette planète ne tombaient pas amoureux de moi. D’ailleurs, ce jeune homme, devant moi, ne l’était sans doute pas. Coucher avec moi….Voilà ce qui l’intéressait sans doute. « Tu ne devrais pas porter de conclusions si attives. Ce n’est pas parce que j’ai refusé que tu rentres chez moi que je suis une garce…Bien au contraire. » Je ne pouvais que nier, au fond. Je n’allais quand même pas lui dire qu’il avait raison ? Que j’étais sans doute une fille capricieuse et caractérielle ? Jamais je n’avouerai cela. Ce que j’aurais voulu être une ange… « Tenait cette veste ma chère Loùhan... Maintenant pour vous laisser partir... » Il me tendit sa veste. Est-ce que cela se voyait tant que ça que j’avais froid ? Ou peut être étais-ce pour la seule raison qu’il faisait froid et qu’il devait sans doute cailler, lui aussi. Enfin, pas tant que ça si il me tendait sa veste. Je lui pris sa veste des mains, méfiante, et la posa autour de mes épaules. Mes frissonnements s’arrêtèrent immédiatement. Il ne s’était pas foutu de moi, la veste qu’il venait de me tendre était vraiment très chaude. En relevant les yeux j’aperçus que lui ne devait plus avoir bien chaud par contre…Il n’avait qu’un T-shirt sur son dos. T-shirt qui ne couvrait pas grand-chose de son corps, en y pensant. Je pouvais apercevoir ses abdominaux tant il lui moulait le corps. Je détournais rapidement les yeux, me recentrant sur le visage du jeune homme. « Hum…Merci. Mais…Tu ne vas pas avoir froid, toi ? » Même si il me répondait que si, il avait très froid, je ne lui rendrais surement pas sa veste. Elle me réchauffait bien trop. Cela m’apprendra à sortir avec une toute petite veste d’été alors que l’hiver était à son comble. La prochaine fois, je me couvrirai beaucoup plus. « Il me faut le plus beaux de vos sourires… » Je fronçai une nouvelle fois les sourcils, détestant cette situation. J’avais l’amère impression d’être faible. Très faible. C’était lui prêt de cette porte, c’était lui qui pouvait me faire faire n’importe quoi juste pour que je rentre chez moi. C’était idiot. Et d’ailleurs, j’aurais peut être dû faire demi tour tout à l’heure, au lieu de me mettre dans cette situation étrange. « On me fait du chantage maintenant ? » Je m’approchai de lui, penchant légèrement la tête en lui faisant un sourire aussi charmeur qu’hypocrite. Jouer l’hypocrite, ça, je savais faire. C’était sans doute dans ma nature de mentir et de jouer. « Peut-être que monsieur désirerez autre chose avant de me laisser passer ? » Mon ton était hypocrite, ironique, aussi. Comme si je voulais savoir ce qu’il lui fallait de plus…De toute façon, en y pensant, ce n’était pas bien difficile à deviner.